Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique…
C’est le titre d’un document adressé aux habitants de notre pays par le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France. La déclaration de François-Xavier Bellamy résonne comme une réponse à l’appel de nos évêques.
Voici le texte de l’interview qu’il a donné à l’hebdomadaire « Famille Chrétienne »:
EXCLUSIF MAG – Professeur de philosophie et adjoint au maire de Versailles, François-Xavier Bellamy annonce sa candidature surprise. Il explique les raisons de son engagement.
Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans la course à la députation ?
C’est pour une part une vocation de situation ; il est toujours difficile de trouver le lieu où l’on pourra être le plus utile et porter le mieux les idées qui nous tiennent à cœur.
J’ai été très heureux de servir comme enseignant et de m’engager depuis plusieurs années dans le débat intellectuel mais, depuis longtemps, les gens que je rencontre m’encouragent à porter ces idées sur le terrain de la vie politique.
Je suis aussi maire adjoint à Versailles depuis huit ans maintenant ; la confiance que m’a faite le maire avec lequel je travaille, François de Mazières, en me proposant de prendre son relais à l’Assemblée nationale, m’a décidé à franchir ce cap.
L’engagement intellectuel demeure premier pour moi, mais il est difficile, après avoir beaucoup écrit pour tenter d’éclairer la crise que traverse notre société, de ne pas relever ce défi pour contribuer à reconstruire.
Vous avez appelé les jeunes à s’investir dans l’enseignement pour transmettre. N’avez-vous pas l’impression de déserter ce lieu d’engagement pour la politique ?
Bien sûr, la transmission demeure, je le crois, notre première urgence ! Mais elle est rendue compliquée par les folies mises en œuvre par le ministère de l’Éducation nationale. Je voudrais, à ma modeste mesure, faire en sorte que l’action publique redevienne favorable à la tâche de la transmission, et faciliter ainsi le travail de tous mes collègues. C’est une autre façon de servir l’enseignement, vers lequel j’espère revenir un jour, parce que c’est effectivement un métier que j’aime.
Dans votre ouvrage, vous insistiez sur le fait que les grands changements venaient de la société civile, et non de la politique partisane. Avez-vous changé d’avis ?
Je n’ai absolument pas changé d’avis et je pense qu’il serait dangereux d’attendre des seuls responsables politiques les changements espérés. Leur tâche n’a de sens que si elle consiste à favoriser les actions concrètes qui peuvent porter du fruit sur le terrain.
C’est toujours de l’intérieur que les vrais changements s’opèrent, non par la seule décision politique, mais par la prise de conscience collective. La fonction parlementaire peut y contribuer, puisqu’elle est un moyen de réinvestir la parole publique, et donc de faire entendre les convictions que nous voulons servir.
Défendrez-vous les valeurs chrétiennes dans l’hémicycle ?
Non. Les valeurs sont relatives et fluctuantes, le propre des valeurs c’est qu’elles s’évaluent sur un marché où demain elles peuvent très bien s’être effondrées. La politique n’est pas un indice boursier sur lequel on observerait la hausse ou la baisse de la cote des valeurs chrétiennes, laïques, musulmanes…
Je ne m’engage pas pour défendre un groupe ou un milieu social, même pas celui auquel j’appartiens ; nous devons nous engager pour chercher et servir ce qui est bon, juste et vrai. Sinon, nous ne croyons pas à ce que nous disons !
Défendre la famille, ce n’est pas défendre une « valeur chrétienne » ; c’est promouvoir un bien objectif pour tous nos concitoyens, c’est défendre tous les enfants, qui souffrent quand les familles sont fragilisées. Voilà une réalité dont il nous faut témoigner – une vérité, pas une « valeur » !
Si nous nous laissons piéger dans le lexique des valeurs, nous acceptons le relativisme qui fait de la politique un champ de bataille, au lieu de la reconstruire comme un lieu de service.
Élisabeth Caillemer