Après la « Journée de la femme », il est temps d’évoquer une des grandes figures féminines de l’histoire.
Geneviève Chauvel nous fait découvrir sainte Geneviève dans son livre « Sainte Geneviève, premier maire de Paris ».
La préface de Jean-François Kahn donne le ton et invite à lire la suite …
Sainte Geneviève, premier maire de Paris
Oui, on peut la considérer comme le premier maire de Paris.
Sauf qu’à l’époque où vivait Geneviève, qu’une femme joue un rôle politique aussi décisif et exerce un tel ascendant sur l’ensemble d’une communauté est tout à fait exceptionnel.
Que sait-on de Geneviève ?
Qu’elle préserva Paris – Lutèce – des hordes d’Attila. En fait, elle ne préserva rien du tout. Mais, grâce à ses antennes, à son intuition, elle comprit que le « fléau de Dieu » prendrait un autre chemin que celui qui menait vers l’île de la Cité et, faisant preuve d’une étonnante force de persuasion, elle parvint à convaincre les Parisiens, déjà pris de panique et prêts à abandonner leur ville, de garder leur sang-froid et de rester sur place.
En réalité, elle fit mieux : alors que la future capitale de la France, gros bourg gaulois encerclé par les troupes franques de Childéric, était menacée de famine, elle parvint, en payant de sa personne, en prenant d’énormes risques, à se jouer du blocus, à le briser en quelque sorte et à organiser le ravitaillement salvateur de ses concitoyens.
Dois-je le préciser : je ne crois absolument pas aux miracles, alors que la sainte est censée en avoir réalisé beaucoup. Geneviève Chauvel les rapporte fidèlement. Mais la façon dont cette femme seule, vierge consacrée, c’est-à-dire religieuse avant la lettre (ce qui ne l’empêchait nullement de gérer les propriétés héritées de ses parents en véritable femme d’affaires), parvint à convaincre, à circonvenir, à mobiliser tout un petit peuple, à le guider et à lui faire accepter, bien qu’il se soit d’abord montré agressif à son endroit, sa prédominance sociale et politique de fait, relève quasiment du miracle laïque.
La Gaule vivait alors une période de guerre civile.
Paris, située dans une zone qui se réclamait encore d’un vague pouvoir impérial romain, était entourée de régions dominées, au nord par les Francs païens, au sud-ouest par les Wisigoths, à l’est par les Burgondes et au sud-est par les Ostrogoths, tous chrétiens, mais qui avaient embrassé le schisme arien, lequel refusait le dogme de la Trinité, l’idée d’un Dieu en trois personnes (ou, plus exactement, le père était hiérarchiquement au-dessus).
Or, que fit sainte Geneviève ? Au service de qui, de quoi, mit-elle son assez stupéfiante influence ? Très vite au service de la cause franque dont Clovis, païen endurci, prit la tête à la suite de Childéric.
Qu’une sainte préfère ainsi un païen à des chrétiens peut sembler, a priori, décoiffant.
Son calcul, très sophistiqué à la réflexion, digne d’un Richelieu ou d’un Talleyrand, est précisément celui qui contribua, dans la douleur, à l’émergence de la France moderne : elle fit le pari, en effet, qu’il serait plus facile de convertir à l’orthodoxie un païen qu’un schismatique.
Ce faisant, Geneviève allait contribuer, avec l’évêque Rémi de Reims, à mettre sur pied une alliance tactique qui se transformera en une union identitaire entre les Francs, les Gaulois, l’Église, la papauté de Rome et ce qui restait de la romanité.
Cela méritait, en effet, que l’on consacrât un livre à cette extraordinaire aventure.
Jean-François Kahn
Sainte Geneviève : premier maire de Paris
Geneviève Chauvel
L’histoire de Geneviève de Nanterre, qui a exhorté les habitants de Lutèce à défendre leur cité contre les envahisseurs et fut la première femme politique, à l’origine de la naissance de la France et de sa capitale. ©Electre 2021
Editions de l’Archipel
Disponible sur le site de « La Procure »