La commission d’écriture du bulletin paroissial essaie de se réunir en présentiel de temps à autre. La pandémie actuelle ne facilite pas toujours les rencontres.
Au-delà de la réflexion sur les articles à proposer, nous échangeons aussi, librement, sur la vie de l’Église et sur nos sujets de préoccupations. Lors de notre dernière réunion, et dans la perspective du temps de Pâques qui approche, une idée a été émise : « Quand peut-on parler de résurrection dans le quotidien de nos vies ? ». De la Résurrection, qu’en est-il pour nous ?
C’est lors d’une visite au Village Saint Joseph de Plounévez-Quintin que les expressions libres des uns et des autres permettront d’avoir quelques éléments de réponse. Nous ne doutons pas que, dans d’autres lieux, au sein même de nos familles, dans nos activités professionnelles, dans nos associations, il y aurait également de la matière pour renforcer les convictions entendues. L’exercice en vaut vraiment la peine et est tellement libérateur. Nous pouvons tous l’expérimenter.
Nous sommes dans l’atelier mosaïque, cinq résidents et une animatrice sont tout à leur travail. Ambiance monacale tout juste perturbée par le bruit des outils miniatures. Les grandes fenêtres, sans rideaux, donnent sur une nature qui s’éveille au printemps. La première image marquante qui me vient en tête est celle de cet art japonais qui, face à un vase en morceaux, choisit de le réparer. Chaque pièce a son importance. Les fêlures et fractures seront comblées par de l’or et vont ainsi donner une valeur supplémentaire à l’objet initial. Dans l’atelier que je découvre, il n’y a pas d’or pour reconstruire mais la parole va s’épancher. En effet, cette image du vase reconstruit va rapidement résonner et provoquer d’autres remarques. Du plus prolixe au plus taiseux, il y a de quoi parler de « résurrections ». Merci à chacun pour ce temps régénérant, dans la simplicité d’une journée ordinaire de carême.
Celui qui accepte de se laisser conduire en un espace de guérison, me dit-on, va renaître. Acceptant de se perdre il va se retrouver. Ce combat intérieur sera comparable à un va-et-vient entre le beau de l’extérieur, la nature par exemple, et la beauté personnelle à faire reconnaître, à laisser contempler.
A ce titre, l’art pourra devenir une thérapie salvatrice qui permettra de magnifier ce que l’on va aller puiser au fond de soi-même pour se laisser voir tel que l’on est. Au lâcher-prise nécessaire viendront alors succéder un mieux-être puis une nouvelle vie. Souvent, l’écoute d’une personne aimant gratuitement, sans jugement, verra l’autre se relever peu à peu, se tenir debout, reprendre une marche accompagnée et reprendre seule la route. Par le travail (jardinage, cuisine, élevage, poterie, mosaïque, …) et un partage communautaire tout va reprendre du sens.
On sent dès lors tout l’élan de Vie contenu dans ce relèvement, cette restauration. Partant de blessures souvent anciennes et douloureuses, ce n’est pas la fin qui est promise mais le renouveau qui germe timidement puis émerge franchement. Sans doute est-on loin de la pleine résurrection de Pâques à laquelle nous sommes tous appelés, mais force est de constater que nous sommes déjà bien dans une victoire contre les forces de mort et de destruction. Nous sommes comme cette fleur un peu chétive, réussissant à se frayer une sortie à travers le bitume qui l’enserre et qui, au final, est la plus forte et finit par rayonner.
Souvent il sera aussi évoqué l’importance de la parole et du soutien d’un groupe que l’on n’hésite pas à appeler « frères ou sœurs » parce que, issus d’une famille de pauvres. Une parole qui soulage, une parole qui libère, une parole qui rejoint celle d’un Sauveur.
Le temps s’est écoulé tranquillement, je dois prendre congé. L’atelier retrouve son silence. Les œuvres continuent à se construire.
Je remarque alors une colombe en tesselles du plus bel effet. Elle tient en son bec un rameau d’olivier. Son plumage n’est pas seulement blanc. Il a pris aussi le rouge du feu de l’Esprit.