21 Avril 1963 – 21 Avril 2013
Père Wally, vous allez fêter cette année vos 50 ans de sacerdoce. Nous vous proposons d’évoquer quelques moments importants de votre parcours.
Parlez-nous tout d’abord de votre parcours.
Je suis né en 1939 dans le comté d’Essex au sud-est de l’Angleterre. J’ai suivi ma famille partie vivre en Écosse lorsque j’avais quatre ans puis en Rhodésie du Sud (actuellement le Zimbabwe). J’ai été ordonné prêtre en 1963 après mon séminaire à Pretoria en Afrique du Sud. Je fêterai donc mon jubilé sacerdotal cette année.
Si j’ai fait mon séminaire en Afrique du Sud c’est parce que celui-ci était pour les «Blancs» et celui de Rhodésie était pour les «Noirs».
Mes parents étant catholiques, je suis naturellement devenu prêtre et non pasteur anglican.
J’ai exercé mon ministère au Zimbabwe pendant vingt-quatre ans, puis je suis rentré en Angleterre en 1987, dans le diocèse de Portsmouth.
Depuis deux ans je suis en France : tout d’abord à Saint-Martin-du-Canigou, une région montagneuse, puis récemment plus près de la mer, à côté de Saint-Malo. Maintenant je découvre la campagne.
Faisant partie de la Fraternité Saint-Jean-Baptiste, mouvement venant en aide aux malades victimes de l’alcool et de la drogue, j’ai été invité à apporter mon concours au Village Saint-Joseph, à Plounévez-Quintin.
Et votre ordination ?
Ma famille fréquentait la paroisse de Gweru, en Rhodésie, (devenue depuis le Zimbabwe) mais la cathédrale n’était pas assez grande aussi l’ordination se déroula à l’église Saint Michel à Ascot.
J’étais le premier et le seul prêtre diocésain à être ordonné ce jour-là. C’était donc vraiment un évènement et les assistants étaient nombreux.
D’un côté, la communauté des blancs, de l’autre, celle des noirs et tous voulaient y participer. Un séminariste assistait à sa première ordination et il a été très marqué par la cérémonie.
Ma famille et des amis étaient venus spécialement d’Angleterre. C’est l’évêque de Gweru, un missionnaire, qui a présidé l’ordination. Sauf quelques chants, la cérémonie a eu lieu en latin selon le même rite qu’en France qui est d’ailleurs le même dans le monde entier.
Je suis ensuite allé à Bruxelles pour une année d’études pastorales, catéchétiques et liturgiques à l’institut Lumen vitae. Ces études avaient pour objectif de s’ouvrir aux pensées nouvelles de l’Église.
Beaucoup de professeurs donnaient aussi des conférences aux évêques réunis à Rome pour le concile Vatican II.
Nous suivions des cours de liturgie pour mieux en connaître le sens. Les changements mis en œuvre partout en Europe ont fait passer le prêtre de l’état de « fonctionnaire » au prêtre prophétique.
Pouvez-vous nous livrer vos réflexions sur l’évolution de l’Église, les vocations ?
Avec le pape Jean XXIII, l’Église commençait une évolution vers plus de vérité et de vraie relation avec Dieu. Mais pour faire passer tous les enseignements du Concile à l’Église il faut du temps. Dieu donne les vocations mais pour y répondre, il faut développer la relation avec le Père.
Que dire à un jeune aujourd’hui pour l’encourager à la vocation ?
Le sacrement de réconciliation est une occasion de joie et non de critique. On manque de véritables occasions pour célébrer le sacrement de la réconciliation.
Un évènement m’a marqué au cours de mon ministère. En 1972, avec une classe de jeunes garçons de 14 ans, nous avons, pendant un trimestre, étudié la confession et, en fin d’année ils ont souhaité faire un montage. « Sur quel sujet ? » leur demandais-je. La réponse fut unanime : « la confession ».
Nous avons ainsi développé ce que nous avions appris. En 1973, le nouveau rite a fait son apparition et nous avions presque tout prévu.
La crise du sacerdoce ne sera pas résolue tant que, avec les jeunes d’aujourd’hui, nous n’aurons pas mis le sacrement de pénitence en valeur. Il en est de même d’ailleurs pour le sacrement du mariage.
Je suis étonné par l’absence de participation aux confessions individuelles en France.
Pour inciter aux vocations, il faudrait donner en exemple aux jeunes des prêtres et des couples de l’âge de leurs grands-parents qui sont heureux dans leur sacerdoce et leur vie conjugale.
Il est important pour les jeunes de participer au sacrement des malades, en famille, de même, pour le dernier sacrement.
L’absence du sacrement de l’extrême onction auprès des malades correspond à un manque de pratique religieuse.
Le rite Vatican II nous incitait à un accueil chaleureux des fidèles avec des célébrations dans la paix et la joie. Ce qui nous fait quelquefois défaut en France.
Paul VI a institué le nouveau ministère de diacre. En Rhodésie, nous avions eu écho qu’il envisageait le mariage des prêtres mais il est décédé avant.
Jean-Paul I n’a pas eu le temps de mettre en œuvre cette pensée.
Jean-Paul ॥ a fait beaucoup pour les grands rassemblements et moins pour la vie des paroisses.
Avant l’apparition de la voiture, lors des déplacements à pied, en famille, entre amis, entre voisins, entre les retraités et les adolescents, il y avait beaucoup d’invitations au dialogue. Il y avait plus de temps, plus de contacts, pour de véritables amitiés. Avec la voiture on n’a plus ces occasions de dialogues entre les hommes et aussi du dialogue pour la réconciliation avec Dieu.
J’aime beaucoup le pèlerinage très suivi de Medjugorje, en Bosnie Herzégovine, qui amène beaucoup de vocations et permet, au retour, l’approfondissement de notre foi.
Tout ce que l’on trouve ici à Medjugorje, on peut le trouver dans sa paroisse, mais dans sa paroisse, il faut s’encourager mutuellement.
Le pèlerinage peut aider également à discerner la volonté de Dieu et répondre à ses appels.
Je recommande aussi le Foyer de Charité de Tressaint, près de Dinan, pour faire de bonnes retraites à tout âge de la vie.
Ma participation au mouvement « Vivre et aimer », mouvement de renouveau charismatique, dont je fais toujours partie a été un grand soutien dans ma vie.
J’aime revivre le salut du Saint Sacrement qui est un rappel important du jour de mon ordination.
Propos recueillis par Joël Le Biavant