Dimanche 30 juin 2019 : Pardon de St Pierre en l’église de Bothoa. La messe était célébrée par le Père Jean Miossec, « venu du Finistère pour mieux découvrir notre région, se reposer, et mener notre Pardon ». « C’est dimanche, certains craignaient peut-être la canicule et sont restés chez eux ou partis ailleurs. Nous ne sommes pas très nombreux mais c’est bien parce que nous sommes groupés ».
Après la messe, la statue de St Pierre et emmenée en procession et le Pardon se terminera autour d’un verre.
L’histoire de Bothoa et de son rapport à St-Nicolas-du-Pélem est assez originale. Voici ce qu’en dit le Dictionnaire des communes des Côtes d’Armor :
L’histoire de Saint-Nicolas-du-Pélem est d’abord celle de Bothoa, aujourd’hui simple village de la commune mais qui fut jadis le chef-lieu d’une des plus vastes paroisses du diocèse de Cornouaille, la seconde par ses revenus. Partagée entre les seigneuries de Beaucours et du Pellinec, elle relevait de la baronnie de Quintin (cf. ce nom), dont elle était le siège d’un des bailliages.
Bordée par le Blavet à l’ouest, le Sulon et la rivière de Corlay à l’est, elle avoisinait, avec ses trèves Canihuel, Kérien, Lanrivain et Sainte-Tréphine, 14 500 ha, atteignant 28 km du nord au sud, 23 km d’est en ouest. Pourtant, Bothoa n’est pas, son nom l’indique, une paroisse bretonne primitive. Noté Bothoua en 1316, Botouha vers 1330 et en 1368, Botoha en 1371, le toponyme est formé avec le vieux-breton bot « demeure, résidence » et un nom de saint, éponyme de Saint-Doha, village de Merdrignac, et de Landoac, ancien nom de Saint-Jacut-de-la-Mer (cf. ce nom). Ce saint serait un évêque du Ve siècle appelé Docco ou Doac, qualifié d' »abbé des Bretons » par les Annales d’Ulster et connu aussi au pays de Galles sous le nom de Docwyn.
Si la paroisse, autrefois placée sous le patronage de saint Pierre, se désigne comme un démembrement de la paroisse bretonne primitive de Pligeau, on ne peut assigner de date précise à sa fondation, qui intervint sans doute bien avant 1316, date à laquelle est cité un de ses recteurs. On ignore aussi les raisons qui motivèrent le choix de son chef-lieu. Occupant une position centrale, il a par-delà sa probable origine érémitique, succédé à un habitat gallo-romain, puisque des débris de tuiles y ont été signalés.
À 3 km au sud, aux abords du château du Pélem et de sa chapelle privative dédiée à Saint-Nicolas, allait se constituer une nouvelle agglomération. Établie à 500 m au nord de l’ancienne voie romaine de Carhaix à Corseul, qui passait par Picardie, Saint-Hervé, Lestaurec, Kerlun, en laissant à gauche Le Clandy, elle ne commença à prendre quelque importance, bien que figurant sur les cartes dès la première moitié du XVIIe siècle, qu’au XIXe siècle. Devenue chef-lieu communal en 1836, elle remplaça officiellement Bothoa comme paroisse en 1860.
Quoique l’origine de la chapelle Saint-Nicolas, devenue église Saint-Pierre, soit rapportée habituellement au château du Pélem, il n’est pas dit qu’elle ne lui soit antérieure. Même si son sens exact reste à établir, le toponyme Pélem ne trahit pas, en effet, une haute ancienneté. Nom de village à Trégrom et à Carnoët (associé au breton roz « tertre » dans Rospellem), on le rencontre aussi comme nom de parcelle à Pleumeur-Gautier (Ar-Pellem). Il apparaît même comme nom commun dans un acte de 1262 concernant Plouharnel (Morb.) qui parle d’un certain pellem de terre, ce que confirme un rentier de 1461 qui mentionne en plusieurs occasions à Groix (Morb.) des pellem de terre.
Le culte de l’évêque de Myre, en Asie Mineure, dont les reliques furent transférées en 1087 à Bari, en Italie, était déjà bien répandu en Bretagne au XIIe siècle. Invoqué par les voyageurs et les pèlerins, son implantation semble privilégier les anciens itinéraires et les lieux de passage, ce qui est ici le cas. La proximité d’une maladrerie dénoncée par le village du Clandy n’est pas sans suggérer l’éventualité d’un lieu de culte antérieurement au XVe siècle, époque à laquelle remonte l’église. Que les ordres militaires du Temple ou de l’Hôpital soient à l’origine de cette fondation n’est pas impossible.
Les photos et la vidéo sont de Raymond Géléoc