Dans la chapelle Notre-Dame du sanctuaire de Rocamadour, dans le Lot, une petite cloche, vieille de douze siècles, se fait l’écho des miracles opérés par la Vierge noire, implorée par les marins en péril. Comment expliquer qu’un sanctuaire situé à 250 kilomètres du rivage le plus proche abrite la patronne des marins ?
Le sanctuaire de Rocamadour existe depuis le haut Moyen-Âge. Situé sur la route de Compostelle, il domine l’impressionnante vallée de l’Alzou. Amadour était un ermite romain du Vème siècle. Il aurait creusé son ermitage dans le rocher. Sa dépouille a été retrouvée intacte en 1166. Mais depuis longtemps, les croyants affluaient vers ce lieu béni afin d’y obtenir les grâces de Marie ou la remercier de ses bienfaits. Aliénor d’Aquitaine et son mari Henri Plantagenêt, saint Louis et sa mère Blanche de Castille, Louis XI et plus tard Jacque Cartier, seront du nombre.
Alors pourquoi patronne des marins ? Sans doute à cause de l’un des titres de la Vierge : « Stella maris », Etoile de la mer. Cette appellation s’est répandue très rapidement.
En 1534, Jacque Cartier invoqua Notre-Dame de Rocamadour pour sauver son équipage à bord de la « Grande Hermione », sur le point de mourir du scorbut. C’est ainsi qu’ayant été exaucé, il se rendit à cheval de Saint-Malo à Rocamadour pour répondre au vœu qu’il avait formulé.
La cloche miraculeuse
Cette cloche miraculeuse est accrochée par son anse à la voute de la chapelle où les pèlerins viennent vénérer la Vierge noire. Il s’agit d’une très vielle cloche, légèrement évasée, assez semblable aux sonnailles qu’on attache au cou des vaches des Pyrénées. Haute de 24 centimètres et d’un diamètre de 33, sans chaine ni corde, elle a été forgée dans une feuille de fer épaisse d’un centimètre, battue et rivetée, sans doute à l’époque carolingienne.
Néanmoins, nul ne connaît son origine, ni quand ni pourquoi elle a été placée à cet endroit.
« Plusieurs fois, elle a rendu d’elle-même, sans aucun mouvement étranger ni visible, un son prodigieux et surnaturel, surtout dans les occasions où des malheureux exposés aux périls de la mer recouraient à Marie, l’Etoile bienfaitrice » raconte Bernard de Latour, vicaire général du diocèse de Tulle.
Elle témoigne de la protection de la Vierge Marie, « Etoile de la mer », pour les marins en péril. Une plaque indique les dates où la cloche a sonné d’elle-même lors des intercessions de Marie.
Le livre des miracles, daté de 1172, relate quant à lui 126 prodiges survenus à Rocamadour par l’intercession de la Vierge Marie.
La chapelle Notre-Dame de Rocamadour à Camaret
À Camaret-sur-Mer, tout au bout de la presqu’île de Crozon, sur le sillon qui ferme le port, s’élève la chapelle Notre-Dame de Rocamadour, à côté de la tour Vauban.
Cette chapelle aurait été édifiée par Henri Plantagenêt (1133-1189), touché par la grâce lors de ses deux pèlerinages à Rocamadour. Camaret fut longtemps un port langoustier et sardinier important et c’est depuis cette époque que Notre-Dame de Rocamadour est devenue la patronne des marins.
Dans la chapelle sont accrochés de nombreux ex-voto, bateaux ou plaques, témoignant de la reconnaissance des marins à la Vierge, « Etoile de la mer ».
Encore aujourd’hui, Notre Dame de Rocamadour est importante pour les marins. La Vierge noire de Rocamadour a par exemple été la patronne de l’édition 2016 du Vendée Globe. Elle sera à nouveau présente pour l’édition 2020.
La prière des marins
Vierge Marie, Etoile des mers, Reine des flots,
Vous à qui les marins, même mécréants, ont toujours été dévots,
voyez à Vos pieds Vos fils qui voudraient se hausser jusqu’à Vous.
Obtenez-leur une âme pure comme brise de mer,
un cœur fort comme les flots qui les portent,
une volonté tendue comme voile sous le vent,
une attention qui veille sans mollir comme gabier dans la hune,
un corps bien armé pour les luttes contre les tempêtes de la vie.
Mais surtout ô Notre Dame, ne les laissez pas seuls à la barre,
faites-leur éviter les écueils où ils s’échoueraient
avant d’ancrer près de Vous au port de l’Éternité.
Amen.