Très souvent l’Église, à travers ses responsables, est beaucoup critiquée quand elle intervient dans les affaires politiques. Une idée que je partage car l’Église doit être au-delà d’une vision politique ou d’un parti politique. Par contre, cette institution, en tant que corps du Christ, est composée d’hommes et de femmes faisant partie d’une cité. Je veux parler de l’Église en tant que communauté des baptisés. Croyants ou pas, nous sommes tous des politiciens parce que nous sommes tous responsables de notre cité selon nos capacités et nos possibilités.
Ensuite, l’homme n’est pas que son âme, il est aussi son corps. L’Église s’intéresse à l’homme, c’est-à-dire au corps et à l’âme. Elle veut sauver l’homme dans son intégralité comme Dieu le Père a ressuscité le corps et l’âme de son Fils Bien-Aimé : le tombeau vide en est la preuve.
Enfin, l’Église, dès le début de sa mission, c’est-à-dire après la Résurrection de Jésus, a pour objectif de libérer l’homme de l’esclavage du péché et d’aider les puissants à prendre conscience que les petits, les pauvres (les Anawim), sont aussi créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Donc, ils ont la dignité des enfants de Dieu. Ils ont aussi des droits et des devoirs et méritent également de jouir pleinement de leur liberté. C’est dans ce sens que l’Église, à travers les siècles, n’a cessé de lutter contre les injustices sociales (Rerum Novarum), de prêcher la paix (Pacem in Terris) et en dernier lieu, veut nous faire écouter les gémissements de la terre et nous interroge sur notre relation avec l’environnement (Laudato Si).
Plus proche de nous, le mardi 30 mars, dans notre diocèse, a eu lieu une conférence en visio sur la crise écologique et l’engagement des chrétiens dans la résolution de cette crise. Nous avions comme conférencière Élisa Lasida, responsable du pôle écologique à la Conférence des évêques de France.
Je pense que personne n’est responsable de la dégradation de l’environnement mais, aujourd’hui, nous sommes tous concernés, de près ou de loin, et devons prendre conscience que nous sommes liés à l’environnement. Protéger l’environnement, c’est nous protéger. C’est un devoir humain de respecter la nature si nous voulons qu’elle nous protège.
Voici quelques termes de vocabulaire utilisés par Mme Elisa Lasida :
- L’écologie n’est pas l’environnementalisme : quand on parle d’écologie on parle d’une science qui s’intéresse aux relations qu’entretiennent les êtres vivants entre eux et avec leurs milieux et pas seulement de la nature. Or tous les êtres vivants peuvent modifier leur environnement pour trouver les ressources qui garantissent leur survie et leur reproduction, mais les humains, dans la logique de produire plus, se retrouvent dans l’obligation de consommer plus. Donc, on utilise de plus en plus de ressources pour produire de plus en plus de choses qui sont de moins en moins nécessaires à notre survie.
- « La maison commune » : cette expression est presqu’une erreur de traduction du sous-titre de l’Encyclique. Le manuel de suivi de l’Encyclique de 2020 s’appelle d’ailleurs « Sur le chemin du soin de la maison commune » : non pas sauvegarder pour l’avenir mais soigner pour « bien vivre ensemble ».
- L’option préférentielle pour les pauvres : d’origine latino-américaine, cette option a été intégrée officiellement à l’enseignement social de l’Église par Jean Paul II. Avec le réchauffement climatique, les plus pauvres sont les principales victimes. Et parmi ces pauvres, il faut compter l’environnement comme je l’ai dit « les gémissements de la terre ».
- La crise écologique est un défi, autour de trois idées fortes : tout est lié, tout est donné, tout est fragile et le défi est une conversion écologique, un défi pour l’humanité prenant en compte l’interdépendance de tous les humains. Pour arriver à une « vie bonne » il faut prendre conscience que le progrès ne peut plus venir d’une logique de production et de toujours plus de technique. Pour les chrétiens, la notion d’écologie intégrale signifie se situer en relation avec les autres, la nature et Dieu et cela nous est familier. Elle a des résonances bibliques : en Genèse 1, Dieu organise le chaos primitif, crée des relations de vie. Elle a aussi une résonance théologique. La théologie nous dit que Dieu est Trine : Père, Fils et Esprit Saint, un Dieu de relation.
(À suivre)

Père Jean Bernard
