Un formateur canadien disait « Un chrétien peut se rappeler, même de façon incomplète, les dix commandements, les sept péchés capitaux, voire les sept dons de l’Esprit mais pas un seul des principes de la doctrine sociale de l’Église. » Il y en a neuf !
Petit moyen simple pour s’en souvenir, une phrase où la première lettre de chaque mot renvoie à un principe :
Dans, Des, Beaux, Jardins, On, Peut, Se, Sentir, Content.
Dignité de la personne / Destination universelle des biens / Bien commun / Justice / Option préférentielle pour les pauvres / Solidarité / Subsidiarité / Charité.
Certains mots nous sont évidemment familiers mais d’autres moins, parce qu’habitués, peut-être, à donner plus d’importance à la vie spirituelle individuelle qu’à la dimension sociale de notre foi, oubliant qu’en Mt 22,34-36 Jésus déclara qu’un autre commandement est aussi important que celui d’aimer Dieu « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » et qu’en Mt 25,31-46 la phrase de jugement de Jésus est sur l’assistance aux plus petits auxquels Il s’assimile.
– Des actions de charité sont évidemment mentionnées dès les débuts de l’Église, ainsi en Act 4,32-36 sur le partage des biens. Au fil des siècles les chrétiens ou les religieux ont assuré l’assistance aux pauvres à travers les hôpitaux, les écoles et la charité au quotidien.
– L’Église a accompagné la société, certains diront a dirigé la société, avec parfois, il faut l’avouer, des compromissions, avec une autorité que l’on n’imagine plus (14 rois de France ont été excommuniés !). Elle a aussi été attaquée par les philosophes du XVIIIème et, au XIXème siècle, le développement du capitalisme et l’industrialisation ont profondément modifié la société. L’Église a perdu son pouvoir temporel et a donc dû changer sa façon de s’adresser au monde, l’idée de la séparation de l’Église catholique et de l’État s’étant imposée. La relation entre Église et société s’en est trouvée, malgré les vifs remous des débuts, épurée et le message plus clair !
Un peu d’histoire
L’histoire de la doctrine sociale de l’Église (la DSE) est liée à celle de la société contemporaine et on a fêté le 15 mai dernier les 130 ans du texte originel.
Première étape
La DSE de la première génération sur la condition ouvrière et les idéologies politiques. Sensible à la pénibilité du travail, Léon XIII publie Rerum Novarum (1891) sur « la condition des ouvriers ». C’est la date clé pour l’histoire de la DES. Suivront les encycliques à propos de l’instauration d’un nouvel ordre social, la condamnation de nouvelles idéologies, contre les nazis et contre les bolcheviques.
Deuxième étape
La DSE de la deuxième génération, de 1960 à 1980. Le concile Vatican II avec Jean XXIII et deux documents clés sur l’Église dans le monde de ce temps et Église « lumière des nations ». Les deux papes suivants écriront sur « la paix entre les nations, » sur « le développement des peuples » et « les besoins nouveaux du monde ».
Troisième étape contemporaine
2008, le Compendium (résumé en 850 pages !) de la doctrine sociale de l’Église, avec enfin la proclamation de grands principes : l’Église qui se proclame accueillante à l’ensemble de la société humaine et qui affirme la vocation sociale de l’homme dans le monde d’aujourd’hui. Les deux dernières encycliques sociales sont Laudato si’ (2015) et Fratelli tutti (2020) sur le développement humain intégral dans le respect des autres et de la « maison commune ».
On pourrait faire deux colonnes, l’une sur les grands événements du siècle et en face les encycliques.
Les encycliques ne sont pas des ouvrages individuels, elles reflètent l’élaboration d’une pensée sociale de l’Église, dans le temps et dans le monde, en tenant compte des conditions de vie et des problèmes de la société vus par les yeux des membres de cette société.
Souvent les évêques ont aussi pris position. Exemples fameux : aux USA avec Justice économique pour tous (au temps de Reagan et du libéralisme économique) ou en Allemagne avec Pour un avenir de solidarité et de justice.
Les évêques français, quant à eux, ont écrit des Lettres aux catholiques sur la politique, le nucléaire, les pauvretés, le chômage, le logement, le sida, la drogue ou la pédophilie.