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« Le christianisme, bon génie de la France »

Face à la religion des droits de l’homme, il est urgent de rappeler l’apport du christianisme à la civilisation, soutient Jean-Louis Harouel, historien du droit et auteur du Vrai génie du christianisme (éd. Jean-Cyrille Godefroy).

Tout ce qui constitue notre démocratie est-il le fruit d’un génie du christianisme?

Jean-Louis Harouel : Ce génie résulte fondamentalement de la scission évangélique entre le politique et le religieux, qui a permis la sécularisation du politique, la distinction du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel, l’avènement de l’État moderne tel que l’a forgé l’Europe occidentale. Jésus a marqué la séparation de César et de Dieu, qui ont chacun leurs droits respectifs. C’est de là que découle l’idée profondément novatrice de la coexistence de deux pouvoirs distincts ayant chacun sa légitimité, l’un en charge du salut des âmes, l’autre des affaires politiques et administratives.

Avec le « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », sont posées les bases d’une doctrine « laïque » dont saint Thomas a donné au XIIIe siècle un exposé lumineux, développant une conception profane du pouvoir et fondant la légitimité d’un ordre tempo[1]rel autonome. Car, tout comme l’Église, communauté de tous les fidèles, est dans le registre spirituel une société parfaite – communitas perfecta –, l’État est lui aussi une société parfaite dans le domaine des affaires temporelles. En consacrant le principe de l’autonomie du politique dans sa sphère, saint Thomas a confirmé que la logique du christianisme conduisait à une théorie profane de la souveraineté étatique et du droit.

Comment le génie du christianisme en découle-t-il?

Parmi les valeurs portées par le christianisme, celles dont la concrétisation dans l’histoire a eu le rôle social le plus positif sont certainement le refus de l’utopie et la morale du don. Il y a dans le christianisme une très longue tradition de rejet de l’utopie, d’acceptation des réalités du monde tel qu’il est. Du fait de la dualité des royaumes, le christianisme a toujours refusé la tentation de chercher à instaurer sur la terre un monde voulu parfait. Il a refusé le projet d’un bouleversement de la société pour en faire un paradis égalitaire, dont l’histoire a montré que cela aboutit à chaque fois à un enfer.

« Le christianisme est historiquement l’inventeur de deux grands services publics : celui de la charité et celui de l’enseignement » explique Jean-Louis Harouel

Mais, tout en acceptant le caractère imparfait de l’ordre des choses, le christianisme a cherché à l’améliorer par des actions fondées sur l’idée de don. C’est ainsi que le christianisme est historiquement l’inventeur de deux grands services publics : celui de la charité et celui de l’enseignement. D’un côté, on donne des secours et des soins. De l’autre, on donne du savoir. Le christianisme a inventé les hôpitaux et autres établissements charitables, les universités, puis les collèges et l’enseignement primaire.

Tout cela fut organisé par l’Église, qui encourageait efficacement la générosité des fidèles afin de financer aussi bien l’assistance que l’enseignement. Tandis que la solution égalitariste consiste à prendre et à contraindre pour changer la société, la manière chrétienne est fondée sur la générosité qui donne par amour de Dieu.

Cette laïcité bien comprise est-elle aujourd’hui dévoyée?

Complètement, puisque le pouvoir temporel se trouve aujourd’hui soumis à la domination d’un nouveau pouvoir spirituel, fondé sur la foi dans les droits de l’homme qui sont devenus pour les pays d’Europe occidentale une religion séculière. Ce terme a été forgé par le grand sociologue Raymond Aron pour mettre en évidence la dimension religieuse de l’idéologie communiste, laquelle prétendait offrir à l’humanité, à l’horizon, le paradis sur la terre.

Or, durant les ultimes décennies du XXe siècle, tandis qu’expirait l’Union soviétique, les droits de l’homme ont pris la suite du communisme dans son rôle d’utopie censée instaurer le règne du bien absolu. Seul le moyen a changé: ce n’est plus la suppression de toute propriété en vue d’une société sans classes, mais la négation de toute différence entre les humains, pour faire naître un monde nouveau, cosmopolite et fondé exclusivement sur les droits des individus. Avec la religion des droits de l’homme, la lutte des classes est remplacée par le combat contre les discriminations, mais au service du même objectif: l’émancipation de l’humanité par l’instauration de l’égalité. C’est toujours la même promesse d’un avenir radieux qui inspire tous les totalitarismes.

La religion des droits de l’homme – ou religion humanitaire – est aujourd’hui la religion d’État des nations occidentales. Or, quand une religion séculière est au pouvoir, il n’y a pas de disjonction du politique et du religieux. Le pouvoir temporel devient l’instrument de ce néo-spirituel. Le profane est englobé dans la forme inédite de sacré constituée par cette religion séculière. Cela a été le cas pour le communisme et pour le nazisme.

Aujourd’hui dans les pays d’Europe occidentale, la religion séculière des droits de l’homme est au pouvoir, et il n’existe aucune séparation du temporel et du spirituel, de laïcité. Ne disposant pas d’autonomie vis-à-vis de ce nouveau spirituel que sont devenus les droits de l’homme, le pouvoir temporel est entièrement soumis à cette religion séculière officielle, suicidaire pour l’Europe.

La religion des droits de l’homme est-elle le fruit d’un christianisme sécularisé ou est-elle post-chrétienne?

Il est tentant de voir dans la religion des droits de l’homme une sorte de sécularisation du christianisme, et donc des idées chrétiennes devenues folles, selon la formule bien connue de l’écrivain anglais Gilbert Keith Chesterton. Pourtant, si ce sont assurément des idées folles, elles n’ont en réalité jamais été chrétiennes. Elles n’en ont eu que l’apparence.

Ce n’est pas dans le christianisme mais dans ses hérésies que trouve sa source l’idéologie qui fonde la religion des droits de l’homme. Elle découle de ces deux grandes falsifications du christianisme que furent la gnose et le millénarisme, qui ont donné en se sécularisant la religion de l’humanité, dont le communisme et la religion des droits de l’homme constituent deux avatars. La formation des ingrédients constitutifs de la religion des droits de l’homme s’est faite sur le très long terme au sein de la chrétienté et contre la chrétienté, car en opposition à ce qui constituait son socle, c’est-à-dire la religion chrétienne. Le culte des droits de l’homme relève de la religion de l’humanité, et donc d’un post-christianisme.

Que dites-vous aux catholiques face à cette hégémonie « droits-de-l’hommiste »?

Qu’il n’est pas sain que le catholicisme se place trop souvent à la remorque de la religion des droits de l’homme. C’est aujourd’hui comme s’il y avait deux religions dans l’Église: d’une part la religion catholique, dont les fins sont spirituelles et extraterrestres : le salut éternel; et d’autre part la religion séculière des droits de l’homme, dont les préoccupations sont exclusivement terrestres et qui est tout aussi totalitaire que le communisme dont elle a pris la suite.

« Une caricature de l’amour évangélique »

Comme lui, la religion des droits de l’homme présente une caricature perverse de l’amour évangélique, en rendant obligatoire l’amour absolu de l’autre sous peine de sanctions pénales. L’amour de Dieu, d’où découlait l’amour de l’autre selon l’enseignement chrétien, est remplacé par une obligation juridique d’amour de l’autre jusqu’au mépris de soi.

Vertu chrétienne pratiquée librement, l’oubli total de soi au profit d’autrui est aujourd’hui imposé autoritairement à la civilisation occidentale au nom de la sainte humanité. En vue de l’extirpation de toute discrimination, nous sommes soumis à un régime disciplinaire qui vise à nous rééduquer. Dans les démocraties occidentales perverties par la religion des droits de l’homme, comme naguère dans la prétendue démocratie qu’était le monde soviétique, les citoyens sont écrasés par des tabous idéologiques dont la transgression est durement punie par le droit pénal : le totalitarisme droits-de-l’hommiste a pris la suite du totalitarisme communiste dans la volonté d’empêcher l’individu occidental de penser et d’agir librement. Pour autant, il faut faire une distinction entre les anciens droits de l’homme –c’est-à-dire les libertés publiques– et les nouveaux, ceux créés par la religion séculière des droits de l’homme, qui détruisent ces libertés publiques. Tandis que les anciens droits de l’homme visaient à protéger les citoyens contre les excès du gouvernement, le peuple est aujourd’hui victime des nouveaux droits de l’homme, qui le privent de ses libertés.

« Le ciment de la France est le christianisme »

Nous autres, Européens, nous sommes tous – agnostiques, athées, anticléricaux et antichrétiens compris – le produit historique de la chrétienté.
Historiquement, le « ciment de la France » n’a pas été la laïcité, comme l’affirme le président Macron, mais le christianisme. Et la France laïque n’a pu garder sa cohésion et sa force que tant que sa société est restée fondée sur la tradition chrétienne, laquelle a d’ailleurs très largement inspiré la morale laïque, du moins jusqu’à l’effondrement dans le relativisme des années 1960.

Extrait d’une interview par V. Jacquier et publiée dans France Catholique du 24 septembre 2021

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Seigneur, que l’Esprit ouvre les cœurs et aide à discerner la vocation à laquelle tu appelles chacun de tes enfants.

Nous te confions plus particulièrement aujourd’hui ceux que tu appelles à une vie consacrée.

AMEN

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