Homme et femme partagent la même nature humaine, avec la même dignité et les mêmes droits ; ils sont relatifs l’un à l’autre puisque féminité et masculinité se révèlent par un juste regard posé l’un sur l’autre. Dans leur distinction irréductible, ils sont sur un véritable pied d’égalité.
- 1. L’affirmation de l’égalité entre l’homme et la femme relève d’une exigence morale ; elle est fondée sur un impératif de justice. À l’inverse des lois de la nature, cette égalité ne se déduit pas mécaniquement de l’expérience ; elle ne se déduit pas non plus des cultures ou de l’Histoire, souvent marquées par la domination masculine. Elle doit donc être décrétée.
- 2. Où cette exigence de justice trouve-t-elle sa source ? Historiquement, le récit de la Genèse marque une étape fondamentale. La Genèse pose deux affirmations fortes : l’universalité du genre humain et l’égalité entre l’homme et la femme. Ce que peu de cultures valideront : la culture grecque légitime l’esclavage, la philosophie des Lumières ne reconnaît pas l’égalité juridique homme/femme.
- 3. De nombreuses attitudes et comportements réputés masculins peuvent être adoptés par des femmes, de nombreuses prétendues spécificités féminines peuvent être trouvées chez certains hommes : les traits psychologiques et comportementaux ne se situent pas de part et d’autre d’une frontière infranchissable. En revanche, une différence demeure d’âge en âge, de façon irréductible, c’est la différence sexuelle. Nos corps d’homme et de femme diffèrent.
- 4. La comparaison entre l’homme et la femme nous apprend qu’en dépit des différences observables, un point commun fondamental les unit : le sexe est une dimension de la personne, et le corps sexué est, autant pour l’homme que pour la femme, un instrument du don de la personne. En cela, homme et femme sont égaux.
- 5. La comparaison des corps sexués nous apprend également qu’un corps d’homme n’est pas identique à un corps de femme : un sexe masculin n’est pas identique à un sexe féminin. Cependant, un homme comprend, saisit d’autant mieux ce que vit son corps qu’il comprend ce que vit de son côté la femme, et inversement : homme et femme sont relatifs l’un à l’autre. Masculinité et féminité ne peuvent se définir ni se comprendre indépendamment l’une de l’autre. En cela, ils sont sur un pied d’égalité irréfutable.
- 6. La vision égalitariste portée par de nombreuses revendications féministes s’avère contre-productive. En effet, l’égalité entre les sexes est, de façon tout à fait paradoxale, enracinée dans leurs différences respectives. Plus nous détournons le regard de ce qui nous distingue, moins nous pouvons nous comprendre mutuellement, et plus nous creuserons alors les inégalités culturelles.
La réponse de Jeanne Larghero
Conférencière, écrivain et professeur de philosophie, Jeanne Larghero a enseigné à l’Institut de Philosophie Comparée pendant 10 ans. Mariée et mère de cinq enfants, elle intervient à l’École de l’Amour auprès des enfants et des parents, faisant la promotion d’une vision dynamique de la distinction masculin-féminin.
Ses livres : Quand la philosophie se mêle de sexe, Desclée de Brouwer, 2014
Article publié par Marie de Nazareth