Troisième week-end de septembre : chaque année nous sommes invités à visiter ou revisiter notre patrimoine.
L’office de tourisme du Kreiz Breizh a, pour l’occasion, listé les très nombreuses églises ou chapelles ouvertes.
Mais nous n’avons pas toujours les clés pour découvrir ces édifices sacrés et pour entrer en dialogue avec eux car les pierres sont vivantes : elles ont des secrets à livrer, des trésors à partager.
« Les sanctuaires sont des oasis de l’âme » disait l’essayiste François de Muizou. Il existe en France plus de 40 000 sanctuaires. Mais une église ne se visite pas comme n’importe quel monument. Nous n’allons pas revenir sur l’identification des sanctuaires (église, chapelle, basilique, cathédrale, collégiale) dont nous avons déjà parlé dans un précédent bulletin (voir Dalc’h Sonj n° 142 de novembre 2017).
Gaële de la Brosse, journaliste, a édité, pour le magazine Le Pèlerin un guide pour la visite d’un sanctuaire. À partir de ce livret je vous propose ci-dessous quelques suggestions pour la visite.
Cheminer avec les cinq sens
- Évidemment le plus important c’est la vue: ne dit-on pas que la vue c’est la vie ?
Je jette un regard d’ensemble sur le sanctuaire, j’évalue ses dimensions (hauteur, longueur, largeur). Quelle est son orientation ? La plupart des églises ont leur chœur tourné vers l’est, lieu où le soleil se lève. Cette orientation invite à un cheminement spirituel, le soleil symbolisant la lumière et, pour les chrétiens, le Christ ressuscité.
Je repère les jeux d’ombre et de lumière sur les murs. J’identifie le mobilier spécifique : bénitier, fonts baptismaux, autel, tabernacle, ambon, siège de présidence, chaire, confessionnaux (ces deux derniers éléments n’ont été conservés dans la plupart des édifices que s’ils gardent un intérêt patrimonial). Je contemple l’architecture : murs, voûtes, piliers, chapiteaux, … Je regarde la pierre, sa couleur, sa texture.
- Le toucher : à l’entrée du sanctuaire, y-a-t-il de l’eau dans le bénitier ? Actuellement, probablement pas, en vertu des dispositions sanitaires : cela ne nous empêche pas de faire le signe de croix en entrant, en souvenir de notre baptême. Par ce geste le chrétien trace sur lui la croix, rappelant celle sur laquelle Jésus a donné sa vie.
Au nom du Père sur le front car c’est le lieu de l’imagination créatrice. Au nom du Fils vers le ventre car c’est le lieu de naissance où le Christ s’est incarné. Au nom du Saint Esprit, d’une épaule à l’autre, de gauche à droite, symboles de la force et de l’équilibre.
- L’ouïe : je m’arrête quelques instants. Quoi de mieux que de fermer les yeux pour mieux écouter. Je cherche à identifier les différents bruits : pas d’un visiteur, musique d’orgue et surtout j’écoute … le silence. Même si j’entends des bruits en ce lieu, je fais silence en moi.
- L’odorat : y-a-il en ce lieu une odeur particulière ? Malheureusement ce sont souvent les odeurs de renfermé ou d’humidité qui dominent. Mais nous pouvons avoir des odeurs particulières comme une senteur d’encens, une odeur de pierre, de boiseries, de cierge.
- Le goût : cela reste plus abstrait mais nous pouvons rechercher des tableaux ou des statues qui évoquent le sens du goût. Pourquoi dit-on « goûter la paix » ou encore « savourer le bonheur » ? Ce sens est associé à la vie spirituelle du croyant dans son sens symbolique : le goût de la Parole, de la prière.
Pour conclure écoutons Laetitia Colombani nous restituer cette atmosphère si particulière :
A cette heure de la journée, l’église est déserte. Il règne à l’intérieur une ambiance feutrée et silencieuse qui donne l’impression d’être hors du monde. Est-ce la fraîcheur, l’odeur vague de l’encens, l’écho des pas sur la pierre ? On pénètre dans un territoire mystérieux. Quelques bougies sont là et, au milieu de l’agitation du monde, brûlent ces petites flammes éphémères.
