Avec le départ de Katia et Nathanaël, le Village Saint Joseph à Plounévez-Quintin se réorganise et le développement de la structure a généré un redéploiement des responsabilités.
Rendons d’abord hommage aux fondateurs, Katia et Nathanaël. En effet, le Village c’est l’intuition de ce couple qui a reçu un appel pour ouvrir leur foyer familial à l’accueil des personnes en souffrance. La genèse du Village est racontée dans l’ouvrage de Monique Mediani Et tout devient possible dont nous avons publié la recension sur notre site.
Après 18 ans de présence au Village, on comprend leur besoin de prendre du recul. Leur projet murit depuis trois ou quatre ans.
Saisissant une opportunité, ils ont quitté le Village laissant ainsi la place à d’autres pour en assurer la pérennité. Mais ils restent bien au sein de l’association.
En attente et en discernement, ils ont effectué un pèlerinage à Assise et Rome où ils ont rejoint le groupe Fratello.
La nouvelle structure du Village comprend, depuis 2015, quatre foyers, sur deux sites.
Le site 1 : deux foyers à Kana, où l’association était abritée dès 1998, dans une ancienne école.
Le site 2, situé de l’autre côté du bourg, comprend aussi deux foyers, Ephèse, achevé en 2012, puis Nazareth, corps de ferme rénové depuis 2015. Le foyer Nazareth offre plus d’indépendance et d’autonomie avec des logements en studio et T2, l’auto-organisation y étant privilégiée.
Sur le site 1, un jeune couple, Nicolas et Claire Curt (35 et 30 ans), et Agnès de Guibert.
Nicolas, ingénieur de formation réorienté dans le maraîchage bio, a vécu une expérience de vie en colocation avec des personnes de la rue au sein de l’association Lazare. C’est là qu’il rencontre son épouse Claire, engagée elle aussi dans l’association. Ils y ont l’occasion d’entendre le témoignage de Katia et Nathanaël et de découvrir le Village. Touchés par cette vie évangélique au service des plus pauvres, ils décident de s’y engager. Claire, qui vient d’accoucher d’un petit garçon, se consacre pour le moment à sa nouvelle mission de mère avant de mettre ses talents artistiques au service du Village. Soucieux de préserver l’équilibre entre vie familiale et communautaire, ils logent dans une maison à proximité.
Agnès a eu l’occasion de découvrir le Village par le Secours Catholique où elle était déléguée départementale et par la Diaconie de l’Eglise.
Ayant passé une année sabbatique au Brésil en 2008/2009, elle y a expérimenté la vie communautaire avec des personnes handicapées physiques et mentales.
« J’ai constaté que l’on pouvait prolonger la mission du Secours catholique. En effet, les manières de faire sont différentes, mais les objectifs restent identiques : c’est une mission d’amour avec un lieu de prière et d’accueil aux plus fragiles. On vit sa spiritualité différemment. » dit Agnès.
Sur le site 2, Sixte, Jean-Guy et Régine.
Sixte de Vergnette, 29 ans, ingénieur originaire de la région parisienne, a travaillé dans le web. Il s’engage parallèlement dans l’association Hiver solidaire qui vient en aide aux personnes de la rue, l’accueil de nuit étant assuré par des bénévoles. Cet accueil fraternel l’a beaucoup touché : il s’agissait de passer du bon temps avec ces personnes : rire, jouer, découvrir leur histoire, entrer en relation.
En 2014, au plus bas et en pleine crise spirituelle, il quitte son emploi.
Une rencontre déterminante avec le Christ le fait cheminer jusqu’à une maison jésuite qui propose une année de discernement.
« Dans ce lieu, peu à peu le Christ me guérit et fait grandir en moi le désir de faire famille avec des personnes en souffrance. En venant visiter le village j’ai le coup de foudre et la certitude que Dieu m’y précède et je demande à y venir. »
Par ailleurs, Nicolas Delattre, ancien chef de chantier, est en charge des activités, Florence dirige l’atelier mosaïque.
Le secteur administratif est également important. La gestion des démarches administratives des résidents est assurée par Martine Coatmellec et Régine. Au secrétariat général, Laure traite les flux d’informations, en collaboration avec Martine Petit, responsable de la communication.
Jean-Guy et son épouse Régine sont les cofondateurs du Village.
Arrivés en 1999, ils incarnent à l’époque le projet dans son organisation juridique, financière, sociale, tout en se laissant imprégnés et nourris par la vie fraternelle et la prière.
Jean-Guy est l’actuel président de l’association.
« Même si, juridiquement, le président est responsable, l’organisation est prévue sur un plan horizontal et non hiérarchique, de sorte que les rôles sont confiés en fonction des capacités dans le respect de la personne. La transition m’incombe dans la perspective d’une délégation faisant jouer la complémentarité entre les personnes.
La nouvelle équipe est constituée tant de salariés que de bénévoles.
Précisons que 45 % des ressources proviennent de la participation des résidents, en fonction de leurs revenus, 5 % de la vente des créations des ateliers et 50 % de dons.
Le Village reste ce lieu de prière, d’accueil et de travail, pour les personnes démunies ou fragiles : il s’agit de vivre ensemble, pour partager la vie fraternelle, la vie spirituelle, les activités, afin d’aider et de soutenir ceux qui ont choisi de guérir et de se remettre debout, afin de redonner goût à la vie, dans l’amour.
Les demandes ne cessent d’affluer Nous sommes sollicités grâce à la souplesse de l’accueil. Cette ouverture à tous constitue notre richesse et notre force.»
Joël Le Biavant
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