Le choix du prénom François par notre nouveau pape indique clairement l’orientation de son pontificat : pauvreté, joie, amour de la création, humanisme et choix radical de Dieu.
A l’image de saint François, le pape Bergoglio privilégie la pauvreté, accorde sa parole à ses actes et semble doté d’un grand sens médiatique, le succès des JMJ en témoigne.
La fête de saint François le 4 octobre prochain est l’occasion de redécouvrir ce saint parmi les plus populaires.
Comment ce jeune bourgeois qui reçut la révélation à 24 ans, suscita-t-il tant de vocations, portant ses nombreux disciples à le suivre sur le chemin de l’ascétisme pour exprimer l’amour de Dieu ?
Une jeunesse agitée
Né en 1181 à Assise dans une famille de marchands drapiers, les Bernardone, au cœur du Moyen-Age, il aspire à l’idéal social de l’époque, celui de chevalier. Assise et Pérouse sont en guerre et il entend mener entre les campagnes la « dolce vita » des chevaliers de roman. Mais c’est un médiocre guerrier et il se fait capturer en 1202.
En 1204, nouvel épisode guerrier : il se met en route mais tombe malade. Dans sa fièvre, avoue-t-il un songe lui ordonne de renoncer. Il rentre à Assise sans gloire mais au lieu de reprendre sa vie agitée, il se recueille dans les chapelles de la vallée. Sa préférée est San Damiano. François a 24 ans il traverse une crise existentielle et se met à prier.
Le retournement
En 1205, devant le crucifix de San Damiano, il entend une voix qui lui dit « Répare mon église en ruines ». Prenant l’ordre au pied de la lettre, il va vendre des vêtements appartenant à son père pour acquérir des matériaux destinés à restaurer San Damiano. Son père, profondément vexé, assigne son fils en justice. François demande et obtient un procès devant l’évêque d’Assisse puis se dévêt. L’évêque recouvre alors le jeune homme de sa chape, lui signifiant sa protection.
Juridiquement, François a renié son père et s’est placé sous la tutelle de l’Eglise. Désormais, pour se vêtir et se nourrir, François vivra de la charité d’autrui. Il sera mendiant. Méditant sur l’envoi des disciples dans l’Evangile de Matthieu « N’emportez ni bâton, ni tunique de rechange, ni sandales », il comprend que sa démarche n’est pas un acte négatif de renoncement, mais un choix de vie.
Adoptant la tenue du pauvre : robe grise, ceinture de corde, il propose un modèle de confiance en Dieu le père. Ne rien posséder non par ascétisme mais pour mieux recevoir les dons de Dieu : beauté de la création, bonté des cœurs, amour du Père. En 1208, François déclare vouloir « embrasser Dame Pauvreté ». Le Moyen-Age n’a jamais oublié que le Christ était pauvre et que la pauvreté était un chemin vers lui. Quand on ne possède rien, tout est cadeau de Dieu. Il devient alors un ermite itinérant, ni moine, ni prêtre, prêchant sur son chemin.
En 1209, François voit arriver à lui des hommes qui veulent vivre sa vie ; il les accueille et une communauté prend naissance : l’aventure des franciscains commence. Le pape Innocent III donne son approbation. En quelques années des milliers de « petits frères » cheminent dans toute l’Ombrie. Croire en l’homme, tel est le Crédo de François qui ne pratique aucune discrimination sexuelle, attend beaucoup de la piété et du courage des femmes. C’est ainsi qu’il croit en Claire Offreducio et en ses compagnes. Cette disciple de François qui deviendra sainte Claire va fonder les Pauvres Dames ou Clarisses.
En 1219, les Croisés sont devant Damiette, en Egypte, parce que le sultan contrôle Jérusalem, la Terre sainte et que ce port ouvre sur l’Egypte. François rencontre le sultan. La mission a toujours fait partie de la vie franciscaine, mais celui-ci ne se convertit pas. A propos de cette évangélisation, une question surgit « Comment s’ouvrir à autrui en prônant la seule vérité du Christ ? »
De 1220 à 1223, François ne souhaite pas diriger cette nombreuse communauté de frères qui continue de grandir. Il tente d’édicter une règle qui, à l’issue d’un débat difficile, ne sera approuvée qu’en 1226.
François ne veut pas seulement jouir de Dieu, il veut accomplir tout le parcours du Christ qui passe par la mort. Retiré dans les ermitages, il reçoit seul dans son corps une confirmation de sa vocation à imiter le Christ : son corps est marqué des cinq mêmes plaies supportées par Jésus. Il garde ces stigmates secrets, mais il sait l’heure arrivée. Malade, il revient à San Damiano auprès de Claire. Incapable de se lever, il compose l’un de ses plus beaux poèmes de louange « Le cantique des Créatures » que nous découvrirons ultérieurement. Il y bénit l’eau et le soleil, la pluie et le feu, mais aussi le pardon, la paix et enfin « notre sœur la mort corporelle ». Cette dernière strophe est ajoutée les jours précédant la mort de François, le 3 octobre 1226. Il fut canonisé deux ans plus tard par le pape Grégoire IX.
L’héritage de François d’Assise
Né à Assise au cœur de l’Ombrie où il vécut toute sa vie quand il n’était pas sur les routes, François est façonné par cette nature de forêts, de vallées, de sources. C’est dans la douceur de ces paysages qu’il trouva le Dieu d’amour et de paix. De cette douceur, de cet équilibre, de ce sentiment que la création est belle, qu’elle est faite pour l’homme, non comme une esclave mais comme une amie.
Le message de François a souvent été mal compris ou déformé : son choix de pauvreté est de se débarrasser du superflu ; ce n’est pas une haine des riches, ni l’aventure romantique d’un bourgeois révolté. Quant à son amour de la création, il n’en exclut ni la souffrance, ni la mort.
L’universalité de son message, c’est l’appel du Christ à tous les hommes de tout temps, de toutes conditions « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi » (Mt 19 (16-26). Pour le comprendre, il faut le faire !
Le sentiment de la nature qui imprègne la vie de François est exceptionnel. Admirant l’ensemble de la création, il aime aussi la forêt pleine de bêtes sauvages. Il n’a peur ni du loup, ni de l’isolement dans la grotte. L’homme n’est pas à part des créatures, il en fait partie. Nous reconnaissons là un élément fondamental de l’écologie moderne : cette idée d’une communauté de destin entre l’homme et la nature. Dans écologie, « éco » signifie précisément la totalité de ce qui vit. Eric Pétetin, militant écolo-libertaire faire remarquer : « Je suis fasciné par la finesse de sa communication avec les animaux, figuré dans certains fioretti comme la conversation avec les oiseaux ou la conversion du loup de Gubbio. » Des épisodes de que le peintre Giotto a si magnifiquement immortalisés dans ses fresques de la basilique d’Assise.
Notre époque est si sensible à cet aspect du message que Jean-Paul II déclara, en 1979, Saint François patron de tous ceux qui s’occupent d’écologie.
Chose rare pour le Moyen-Age, François porte beaucoup d’intérêt à l’enfance : c’est lui qui, en 1223, a créé, dans le village de Greccio, la première crèche vivante. Chez les petits comme chez les animaux, François reconnait une spontanéité venant de Dieu : ils sont comme Dieu les a créés et ne possèdent rien.
L’humanisme, c’est le regard fraternel et confiant porté sur chaque être humain. Ce n’est pas une invention de François, il vient tout droit du Christ.
L’esprit franciscain nous rattache au spirituel, non au matériel. Le témoignage a beaucoup d’importance et nous fait passer de la prière à l’engagement. Si François reste aujourd’hui indémodable, c’est qu’il a su allier l’action à la contemplation. Il reste avant tout un modèle de pauvreté, attentif à la misère humaine. Il nous apprend la modestie et le dépouillement.
Ceci fait inévitablement écho à notre pape François qui affirme « Ce n’est pas la culture de l’égoïsme, de l’individualisme qui peut mener vers un monde plus habitable, mais la culture de la solidarité qui voit dans l’autre non un concurrent ou un numéro, mais un frère. »
Le pape, tant dans son comportement que dans ses paroles a lui aussi posé des gestes d’une extrême simplicité. Par ses gestes de rupture il montre que les chrétiens et l’Eglise doivent abandonner le superflu pour se recentrer sur le Christ.
Joël Le Biavant
Articles similaires
Prions pour les vocations
Février 2021
Marie et Joseph emmènent Jésus au temple pour le présenter au Père et qu’il lui soit consacré.
C’est guidé par l’Esprit que Syméon reconnait Jésus ! Seigneur, nous te rendons grâce pour les hommes et les femmes qui te consacrent leur vie. Seigneur, que l’Esprit ouvre les cœurs et aide à discerner la vocation à laquelle tu appelles chacun de tes enfants.
Nous te confions plus particulièrement aujourd’hui ceux que tu appelles à une vie consacrée.