Dans son écrin de verdure, la chapelle de Lansalaün, sur la commune de Paule, se trouve à une dizaine de kilomètres de Carhaix (Finistère) et toute proche du canal de Nantes à Brest. L’ancienne paroisse de Paule dépendait jadis de l’évêché de Quimper et fait partie aujourd’hui de la paroisse de Maël-Carhaix.
La chapelle de Notre-Dame de Lansalaün, restaurée en 1961, d’une simplicité robuste et sans aucune surcharge, est le joyau de la commune. Elle forme avec sa fontaine, sa croix, ses ifs centenaires, symbole d’immortalité, et le muret qui les entoure, un ensemble cohérent.
Jadis appelée « Terre de Salomon », traduction française du breton Salaün, sa légende se rattache à celle du pieux fou du Folgoët (Finistère). Malgré la concurrence avec le pardon de Rostrenen, le 15 août, le pardon de de Notre-Dame de Lansalaün connaît une belle affluence.
La chapelle et l’enclos sont classés aux Monuments historiques depuis 1920.
La chapelle, à contreforts projetés, se compose d’un clocher à deux étages avec une flèche octogonale, d’une nef à chevet carré et d’un bas-côté avec une charpente apparente en berceau à plein cintre.
La verrière date de 1528 et permet de situer la construction de la chapelle au début du 16ème, construction sans doute impulsée par la famille De Leslay de la seigneurie de Keranguével (manoir de 1717 encore visible).
Le mobilier et la statuaire sont intéressants. Notons une tribune de 1719, un autel en bois polychrome, trois statues en bois évidé et peint : saint Joseph, saint Nicodème et saint Roch, une Vierge à l’enfant également en bois polychrome, datant du 17ème : Marie, portant Jésus, foule aux pieds un démon mi femme-mi serpent, peut-être Eve puisque le démon semble tenir une pomme d’une main.
Admirons plus particulièrement la verrière, l’une des plus remarquables de Bretagne par la richesse de ses couleurs et sa facture soignée. D’inspiration flamande, elle mesure 4.80 m de haut et 2.20 m de large et est classée aux Monuments historiques depuis 1911. Elle est classiquement organisée : sa partie basse comprend quatre lancettes séparées par trois meneaux en pierre et sa partie haute, neuf lobes. Deux thèmes y sont traités : la vie de la Vierge dans les lobes (ou mouchettes) et la lancette de gauche et l’arbre de Jessé dans les trois autres lancettes.
L’arbre de Jessé qui figure l’arbre généalogique de Jésus (descendant de David, lui-même descendant de Jessé, par la Vierge) est un des sujets les plus populaires de l’art religieux du Moyen-Age. Le développement de ce thème est basé sur un oracle du prophète Isaïe (Ancien Testament, XI, 1-2) « Un rameau sortira de la souche de Jessé, une fleur naîtra de ses racines. Sur lui reposera l’esprit de Yahvé », Cette filiation de Jésus est confirmée par l’évangile de Matthieu (I, 1) qui désigne Jésus comme le « fils de David, fils d’Abraham ». Jessé est souvent représenté assoupi ou dans la position du dormeur. Ici il est représenté assis sur un trône richement décoré, comme si l’artiste avait voulu insister sur la filiation royale du Christ.
D’autres scènes de la vie de la Vierge sont également représentées comme l’Annonciation, la Nativité, l’Adoration des Mages, la fuite en Egypte ou l’Assomption.
Observons maintenant les abords. La clôture de l’enclos a en grande partie disparu, seuls subsistent les piliers de l’entrée principale.
Découvrons la croix. Comme le fait remarquer Léna Gourmelen, animatrice à la maison du patrimoine de Locarn, « Il ne s’agit pas d’un calvaire. Le calvaire est un monument consacré à la représentation d’épisodes de la Passion du Christ. La croix ne représente que le Christ au moment de la crucifixion. » Ici le Christ et classiquement représenté en croix, entouré de la Vierge et de Saint Jean, deux anges recueillent son sang dans des coupes. On trouve un Christ aux outrages sur la face est.
Sous des ifs centenaires, la fontaine en granit datant de 1695 a été rénovée. Sur le faîte se trouve un double cœur, symbolisant les cœurs des jeunes amoureux venant autrefois se recommander à Notre-Dame de Lansalaün afin que le mariage les unisse. Les pèlerins venaient se désaltérer à la fontaine après avoir fait sept fois le tour de la chapelle, pieds nus, récitant le chapelet pour demander l’intercession de Notre Dame.
Autrefois, le 15 août, les jeunes conscrits partaient de Cléden-Poher où ils assistaient à la messe matinale. Ils arrivaient à Lansalaün pour la célébration de 11 heures et terminaient par les vêpres à Rostrenen.
Prenez le temps de continuer à découvrir cette commune rurale très vallonnée. Des hauteurs appartenant à la chaîne des Montagnes Noires y offrent de jolis points de vue.
Joël Le Biavant
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