L’église de Locarn a été bâtie à la fin du XVI° siècle, à l’initiative des seigneurs de Quelen qui régnaient sur toute la région. Elle fut édifiée à l’emplacement de l’ermitage du saint homme du nom d’Hernin (venu d’outre Manche) qui avait vécu là mille ans plus tôt et que l’on avait honoré dès sa mort. Le nom de Locarn (Loc-Hern ou Harn) signifie d’ailleurs lieu du culte de Hernin. Les « acta sanctorum » de 1630 nous donnent les renseignements suivants : « En Basse Bretagne, Saint Hernin, confesseur, qui passa de la Grand Bretagne dans l’Armorique et vécut en ermite dans un lieu solitaire de la paroisse de Duault, dont faisait partie Locarn (à l’époque de la construction, Locarn n’était qu’une trêve, c’est-à-dire une dépendance de la paroisse de « Duault-Quelen ). Il termine ses jours vers 540.
L’église est construite sur son ermitage, et l’autel sur son tombeau. D’abord un oratoire, une chapelle, puis une église en forme de croix, au XVI° siècle.
L’église est construite à flanc de colline. La façade sud et la moitié de la façade ouest sont édifiées sur de la terre rapportée. Le reste repose sur la roche, visible dans le bras nord ; cette roche est du schiste dans lequel l’eau s’infiltre (une source assez abondante existe en particulier sous le mur de la chapelle de la Vierge) provoquant une humidité permanente et des problèmes d’entretien dans toute cette partie de l’église.
Son plan, en forme de croix, est tout à fait classique. On peut simplement noter quelques détails qui font son originalité : Chevet plat (caractéristique bretonne), bras nord surélevé, clocher extérieur.
On connaît bien les restaurations et remaniements qu’elle a subis depuis cent cinquante ans.
En1858-1860, on refait le dallage qui était dans un état complet de délabrement ; on en profita pour construire une canalisation souterraine entre la chapelle de la Vierge et la façade sud pour l’écoulement de la source. Vers la même époque, on restaura le vitrail du chœur.
Une autre campagne de travaux se déroula entre 1894 et 1900. La nef fut reconstruite et le clocher renforcé (on y inclut l’escalier d’accès) ; cette retouche provoqua d’ailleurs une légère inclinaison de la flèche. Six nouvelles ouvertures furent percées : les fenêtres du fond, deux fenêtres supplémentaires dans le bas-côté nord, la porte du bras nord, la fenêtre du bras sud côté sacristie. Ce doublement des ouvertures améliora grandement l’éclairage de l’église qui jusque là devait être assez sombre.
Une tranchée fut creusée le long de la façade nord, toujours à cause de l’humidité.
En 1976, la toiture a été refaite et divers travaux intérieurs (dont le plafond).
L’intérêt de l’église réside dans sa décoration. Plusieurs parties sont classées par les Beaux-Arts : le vitrail du chœur, le retable du bras sud, la chaire, la statue de la Vierge portant le Christ, à droite du vitrail. D’autres ne le sont pas, mais ont cependant de l’intérêt : la croix, plusieurs statues (dont Saint Hernin, la Vierge à l’enfant, la Trinité, Saint Jean Baptiste) la roue à carillon, quelques pierres sculptées.
Le vitrail
La grande vitre du chevet est datée de 1572 et représente la Passion du Christ:
Dans les trois lancettes de gauche : Le christ en croix entouré des deux malfaiteurs qui ont été crucifiés
en même temps que lui, à sa droite le bon larron (au dessus de lui est représenté son ange gardien qui emmène son âme au paradis), il reprend le mauvais larron qui insulte jésus en lui disant qu’eux ont mérité leur châtiment, alors Jésus lui dit : « aujourd’hui même tu seras avec moi au paradis ».
A la gauche du Christ, le mauvais larron ( le diable s’empare de son âme ). Trois anges récoltent précieusement le sang du Christ. Dans le coin en bas, à gauche : le groupe des saintes femmes et de Saint Jean qui entourent la Sainte Mère de Dieu. (Petit clin d’œil de l’artiste : il a représenté Anne de Bretagne reconnaissable à sa coiffe, la seule qui n’a pas d’auréole). Toute une foule de personnages gravite autour d’eux, représentés avec des costumes Renaissance, les chevaux ont de magnifiques harnachements.
La lancette de droite représente la résurrection du Christ.-Il sort vivant de son tombeau pendant que les soldats romains dorment
La partie basse du vitrail représente quatre tableaux de la passion du Christ :
L’arrestation de Jésus au Jardin des Oliviers et le baiser de Judas
Le jugement de Pilate (il se lave les mains)
Jésus est martyrisé par les soldats après avoir été flagellé (l’un prépare la couronne d’épine pendant que les autres se moquent de Lui.)
Jésus portant sa croix.
Le retable
Classé « monument historique ».
Il a été réalisé en 1679 par un sculpteur de Laval, Marc Rufflay, ou par quelqu’un de son atelier. L’exécution est assez artisanale, mais l’inspiration est plutôt savante et on peut penser que l’auteur a travaillé d’après des gravures.
Le fond du retable est constitué par un panneau de bois d’environ trois mètres sur trois, dont les bords renflés forment niches. La décoration qui orne cette surface se compose de trois éléments :
En bas : un gradin enserrant la base du tabernacle. Au milieu : un tabernacle à trois pans, flanqué d’ailes. Au dessus : une monstrance à ailerons. Chaque élément est scandé par une colonnette.
Il serait trop long d’entrer dans les détails de chacune des parties. A titre d’exemple on peut cependant examiner la porte du tabernacle : l’Agneau mystique sculpté dans un double cadre avec chute de fleurs, plus haut, en décrochement, un crucifix à base en forme de bulbe agrémenté d’une chute de fleurs, au-dessus, une pseudo balustrade.
On est frappé par la luxuriance du décor : fleurs, fruits, feuillages, draperies, torsades, angelots cambrés ou dans un nuage. Des statuettes sont placées dans les niches du retable (malheureusement il y en a qui ont disparu, vol ?). Deux femmes entourent le tabernacle. Un Christ tenant un globe et un évangéliste ornent la monstrance.
A l’exception de l’évangéliste qui est assez récent (fin XIX°) les autres datent du XVIII° siècle
Le retable est surmonté par un remarquable ensemble en bois polychrome plus ancien (XVII°), représentant la Trinité. Il est assez rare de la voir au complet car souvent la colombe représentant le Saint-Esprit, suspendue par un fil, a disparu.
Les statues du chœur
Le vitrail est entouré de deux statues qui ont plusieurs points communs : elles sont en granit, elles sont polychrome (peintes de plusieurs couleurs), elles sont exécutées de façon artisanale.
A gauche : Saint Hernin, qui date du XVI° siècle. (3)
A droite : la Vierge tenant le Christ mort sur ses genoux, (4) c’est ce qu’on appelle une Pieta .L’inscription « Itron Varia drue » signifie Notre Dame de pitié. Elle date du XVII° siècle. Sur son socle sont sculptés des crânes et des tibias ainsi que des écus aux armes des Quelen. Cette statue est d’une grande puissance et d’un grand réalisme tout en étant porteuse de symboles :
Le petit personnage qui est dans les jupes de la Vierge représenterait Saint Jean à qui Jésus a dit du haut de la croix en lui montrant la Vierge « Voici ta Mère » , de même qu’Il a dit à Marie « Femme, voici ton Fils », instituant Marie mère de l’humanité. Nous assistons à la naissance de l’Eglise, le symbolisme est renforcé par la position de la Vierge assise sur une chaise haute dans la position de la parturiente (femme qui accouche). Au dessous, nous voyons les ossements de deux personnages ainsi qu’une pomme, ce qui nous permet de penser qu’il s’agit d’Adam et Eve. Dans le Credo, nous proclamons que Jésus est mort, est descendu aux enfers et est ressuscité le 3°jour. Les enfers dont il s’agit, c’est le séjour des morts. Jésus est allé porter la bonne nouvelle du salut et l’espoir de la résurrection à tous ceux qui l’attendaient à commencer par Adam et Eve.
L’autel
Le maître autel, de style Renaissance et en bois ciré, se trouvait à l’origine contre le chevet en dessous du vitrail. Il a été avancé lors de la réforme liturgique. De chaque côté de son ancien emplacement subsistent des niches creusées dans le mur, ainsi que deux autres contre la sacristie. Elles servaient à ranger divers objets du culte.
La porte de la sacristie, également de style Renaissance, est remarquable par sa décoration très recherchée à profondes moulurations.
Le Christ en croix
Le pilier de la chapelle de la Vierge porte un Christ en croix datant du XVI° siècle. Cette statue en bois, de très belle exécution, assez savante même, qui n’était pas polychrome à l’origine, a été longtemps fixé au pilier qui fait face à la chaire.
L’autel de la Vierge
L’autel de la Vierge, en bois polychrome, orné d’angelots et de nuages, date vraisemblablement du XVII° siècle.
Autres curiosités
Le croisillon nord renferme plusieurs éléments intéressants :
Le mur ouest porte un bénitier mouluré surmonté d’une coquille
Le mur est contient deux pierres sculptées (croix et motifs géométriques) qui sont peut-être des pierres de consécration ou des pierres de réemploi sculptées des armes des du Dresnay.
Au mur nord sont accrochés une roue à carillon et des panneaux de bois sculptés: La roue à carillons, en bois portant 11 clochettes est l’une des rares qui subsistent en Bretagne où elles furent autrefois assez nombreuses. Il s’agit d’ailleurs d’une restauration réalisée par un artisan de la commune, l’ancienne étant en très mauvais état. Elle carillonne pour les baptêmes, les mariages, les pardons…
Le retable de la Passion
Les cinq panneaux qui seraient les restes d’un retable flamand du XVI° siècle recouvraient autrefois la chaire. Les sculptures en demi relief représentent des scènes de la Passion: Jésus devant Pilate, Ecce Homo, la montée au Calvaire, la descente de croix, la mise au tombeau. Entre chaque panneau se trouvent des personnages profanes masculins et féminins formant pilastre.
La Chaire : XVII°-XVIII° siècle. Elle est adossée à un pilier dans lequel se situe l’escalier d’accès. (remarquer l’expression de l’ange situé au-dessous). Cette chaire, pendant longtemps, s’est présentée de la façon suivante: -un personnage aux bras levés soutenant la cuve dont le fond était souligné de cinq personnages grimaçants disposés en éventail. -une cuve ornée des panneaux sculptés représentant des scènes de la Passion -un abat-voix orné de panneaux décorés de masques et de motifs en bas relief surmonté par un ange sonnant de la trompette. Cette chaire a été démantelée sur décision des beaux arts, faisant apparaître une autre plus récente, de couleur claire et d’élégante sobriété. Les panneaux sculptés de la cuve ont été assemblés en un seul panneau qui se trouve maintenant sur le mur nord du transept. Que sont devenus les cinq personnages grimaçants, les panneaux décorés et l’ange musicien de l’abat-voix ?
La Vierge à l’enfant « Notre Dame de Loquetou ». Contre le pilier de la chaire, une belle statue en bois ramenée de Kerprigent (ancien manoir où existait autrefois une chapelle). Elle date du XVIII° siècle. L’exécution est artisanale mais d’excellente facture.
Le pilier qui lui répond de l’autre côté de la nef porte un Jean-Baptiste de granit, de facture artisanale qui pourrait provenir du même atelier que celui de la Pieta du chœur.
Le Calvaire dans le cimetière
Un calvaire de granit rongé par le temps et amputé d’un bras orne le cimetière. La date de 1865 figurant sur le soubassement ne doit pas induire en erreur, il s’agit de l’année de son redressement. Elle se situait autrefois au carrefour de « la Croix Rouge ». Le monument est beaucoup plus ancien (milieu XVI°siècle) ; avec un peu d’attention, on peut reconnaître au sommet d’un fût curieusement décoré de dauphins :
au sud : le Christ en croix entouré d’anges recueillant son sang dans des calices, sur les côtés la Vierge et Saint Jean
au nord : la Vierge portant le Christ mort, au dessous deux anges montrant la sainte face.
Le calvaire est classé monument historique en 1926.
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