Kergrist-Moëlou : la chapelle de l’Isle, 40 ans de restauration
1975 : l’abbé Job Lech’vien qui vient de nous quitter (voir bulletin de septembre) est recteur de Kergrist-Moëlou depuis cinq ans. Lassé de voir que les belles pierres de taille, suscitant la convoitise, disparaissent les unes après les autres et ulcéré de la proposition d’achat de ces pierres, il lance cette restauration.
Avec Marcellin Scoazec, Michel Forestier, dont la mère habite près de la chapelle, participera plus tard aux travaux d’installations électriques.
Michel raconte : « Au départ Job Lech’vien était là. Mais bien vite Arthur Fournis et Job Lamer prennent le relais. Ce dernier, facteur bien connu, va trouver au cours de ses tournées des maçons et autres bénévoles qui vont donner des journées, des semaines pour recontruire la chapelle ; la générosité et la solidarité ont compensé le manque de subventions, la chapelle n’étant pas classée. Si elle n’a pas été reconstruite à l’identique elle est finalement plus belle que la précédente. »
1976 voit la poursuite du débroussaillage avec une vingtaine de scouts belges de la région d’Anvers. L’association « Les amis de la chapelle de l’Isle » est créée.
De 1979 à 1982, la chapelle est couverte, c’est la pose du premier vitrail, un autel en granit et une crédence sont mis en place, la muraille, percée d’une jolie fenêtre, a été reconstruite avec talent. La porte du 15ème siècle, véritable chef-d’œuvre, entièrement démontée, a repris son aspect initial.
1983, le pignon ouest a été remonté entièrement en grosses pierres de taille autour d’une porte en partie reconstituée.
1985, la pose du clocher achève le chantier du gros œuvre permettant l’inauguration officielle de la chapelle par Mgr Kervennic.
Job Lamer, responsable des travaux et président de l’association de 1986 à 2004 affirmait alors : « Nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait. Cela prouve qu’avec le bénévolat et la volonté, on peut aller loin. »
Maryvonne Le Bourhis, trop tôt disparue, ancienne trésorière de l’association, va lui succéder en tant que présidente, en 2004. Grâce à ses demandes, l’association avait obtenu une aide de l’Europe pour le rejointement du mur nord de la chapelle. Rémy Hénaff prendra le relais de la présidence.
Même si le pardon n’attire plus 700 personnes comme dans les années 80 où l’édifice était en péril, il est toujours très suivi. Les fidèles peuvent admirer, outre la belle verrière du maître autel et le Christ en croix, trois belles statues en granit sculptées par Adolphe Godest : Saint Joseph, la Vierge à l’enfant « Mère de tendresse » ainsi que le Sacré Cœur « ce cœur qui a tant aimé les hommes ».
En 1980, Glenmor qui chantait pour « la restauration de la chapelle de son enfance » évoquait l’exode rural « Quand l’homme s’en va, l’ortie et la ronce envahissent même les chapelles ».
C’était sans compter sur la remarquable mobilisation des bénévoles qui au-delà de leurs convictions religieuses veulent sauver notre formidable patrimoine religieux.
Samedi 20 juin 2015: une fête anniversaire marque les 40 ans du début de la restauration de la chapelle de Notre-Dame-de-L’Isle.
En effet, en 1937 la toiture de la chapelle est croulante. Cependant le pardon y est encore célébré jusqu’en 1969, année où le recteur de Kergrist-Moëlou, l’abbé François Failler note dans le bulletin paroissial : « Impossible d’approcher de la chapelle avec les broussailles qui ont envahi les alentours ». Il décide alors de célébrer la pardon de l’Isle à l’église paroissiale. On pourrait croire que tout est fini. Mais on ne pouvait laisser à l’abandon les ruines de la chapelle.
A l’occasion d’un devoir de français, un jeune garçon du voisinage, élève à Campostal, fait remarquer :
« Il ne reste plus de cette chapelle que des murs délabrés et décrépis qui s’écroulent petit à petit et sont envahis par le lierre et la mousse … Il faut être lâche pour laisser s’écrouler un tel bâtiment. Quelle grande douleur et quelle tristesse !… mais aussi quelle impression de beauté en pensant à ce qu’elle était et à ceux qui ont mis tout leur cœur pour la rendre plus belle. »
La municipalité de l’époque reçut une offre d’achat de l’ensemble des murs et du terrain adjacent. Le maire, Théo Jégou, habitant le village de Noguellou, en informa le recteur de la demande d’acquisition. L’accord fut immédiat : on ne braderait pas le patrimoine communal.
En 1975, les premiers travaux avaient consisté à dégager les murs encore debout de la végétation qui les étouffait.
Nous pourrons à cette occasion invoquer dans sa chapelle la sainte Mère de Dieu en lui redisant le refrain de son cantique :
O Itron-Varia ‘n Enez, Diouzh pep gwall ha pep dienez, Hon diwallet korf hag ene, Graet ma vo santel hon buhez.
O Notre-Dame de l’Isle, De tout mal et de toute misère, Préservez-nous corps et âme, Faites que notre vie soit sainte.
Pour conclure, méditons ce premier couplet buccolique du cantique « Itron-Varia ‘n Enez » :
Salud deoc’h-c’hwi, ti benniget E don ar saonnenig kuzlet Savet war lez ar pradoù glas Er brouskoad, e-kichen ar wazh.
Salut à vous, maison bénie Cachée dans la profondeur de la petite vallée, Bâtie parmi les prés verts Dans les broussailles, à côté du ruisseau.
Joël Le Biavant
Articles similaires
Prions pour les vocations
Février 2021
Marie et Joseph emmènent Jésus au temple pour le présenter au Père et qu’il lui soit consacré.
C’est guidé par l’Esprit que Syméon reconnait Jésus ! Seigneur, nous te rendons grâce pour les hommes et les femmes qui te consacrent leur vie. Seigneur, que l’Esprit ouvre les cœurs et aide à discerner la vocation à laquelle tu appelles chacun de tes enfants.
Nous te confions plus particulièrement aujourd’hui ceux que tu appelles à une vie consacrée.