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Pourquoi les jeunes Français s’éloignent de la crémation

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De moins en moins attirés par la crémation, les jeunes Français ont une relation moins instrumentale que leurs aînés à leur propre corps. Ils « n’ont pas un corps », ils « sont un corps ». Leur vision de la mort est moins symbolique, plus incarnée. Le philosophe Damien Le Guay y voit une authentique aspiration religieuse.

La crémation semble s’imposer dans le paysage funéraire. Elle représente un tiers des obsèques en France. Et beaucoup disent que cette pratique récente (qui a pris son essor à partir des années 1990) deviendra bientôt majoritaire. Or différents indices semblent infirmer cette certitude — dont, en particulier, une enquête récente du Credoc/Csnaf qui met en évidence une baisse du désir de tous les Français en cette matière (même s’il reste majoritaire). Un point mérite toute notre attention : la montée en puissance du désir d’inhumation chez les moins de 40 ans et ce pour des raisons religieuses. Il y a là un élément qui mérite toute notre attention.

Une condamnation politique

D’abord, il faut savoir que la crémation, jamais interdite mais peu pratiquée en Europe pendant au moins mille ans, fut interdite par l’Église catholique à la fin du XIXe siècle pour des raisons sociologiques, politiques et philosophiques et non théologiques. Le 19 mai 1886 et le 15 décembre de la même année, deux décrets du Vatican condamnèrent la crémation. Soyons plus précis. Ils considéraient l’inspiration athée de cette pratique, venue surtout des milieux francs-maçons. Ceux qui, en Europe, demandaient (et obtinrent à ce moment-là) la légalisation de la crémation, le firent pour retirer à l’Église la maîtrise des morts — et ainsi la maîtrise des consciences. Supprimer les corps des cimetières revenait à supprimer le pouvoir de l’Église — et donc, à terme, l’Église elle-même. Et donc, en toute cohérence, l’Église condamna les intentions de ceux qui voulaient ainsi la condamner.

Or, qui dit condamnation politique, dit autorisation « politique » quand les fièvres d’athéisme militant se calmèrent sur cette pratique (mêmes si elles restent présentes à l’arrière-fond encore aujourd’hui) et que la pratique s’élargit — même si elle est restée microscopique pendant un siècle après les deux décrets, du moins dans les pays de tradition catholique. En 1963, dans un interlude de Vatican II, un décret de tolérance considéra que la crémation n’empêchait pas la Résurrection, qu’elle était donc acceptée par l’Église pour autant que les intentions du défunt ne soient pas antichrétiennes. Ce décret, qui libéra les consciences catholiques soucieuses de choisir la crémation, redit cependant que l’inhumation est la pratique funéraire préférée par l’Église.

Le point de vue orthodoxe

Précisons que, là pour des raisons cette fois-ci théologiques, les orthodoxes sont contre la crémation. C’est aussi le cas des musulmans et les juifs orthodoxes. Pour les orthodoxes, la centralité du corps dans le christianisme, l’Incarnation et ce qui est lié au corps (l’eucharistie, l’Église comme corps) et surtout la Résurrection des corps, obligent de respecter son corps et de le rendre à la terre. N’oublions pas que les cimetières, étymologiquement, sont de vastes dortoirs où les justes attendent le réveil, les sonnettes de l’Apocalypse, la fin des temps.

Revenons à notre enquête récente. Elle montre un conflit d’intentions qui divise les Français. Un conflit culturel entre ceux qui sont pour l’inhumation et ceux qui sont tentés par la crémation. Les premiers mettent en avant un respect des « traditions familiales » (38%) et des « convictions religieuses » (30%) sans oublier des « raisons naturelles » (11%). Quant aux seconds, ils invoquent le besoin « de ne pas embarrasser les familles » (29%) et des raisons écologiques (17%) et donc, avant tout, la certitude d’un futur inhospitalier.

Refus du passé

L’opposition est avant tout « politique » — au sens du lien à la cité et du sentiment d’appartenance à un tout qui nous dépasse et nous inclut. Les pro-crémations considèrent que le monde de demain ne les acceptera pas. Ils seront de trop. Et donc, par avance, il faut, pensent-ils, accepter cette condition inédite vis-à-vis du monde d’être de trop, en trop, d’être en quelque sorte un futur déchet. Qui dit déchet, dit cendres. Qui dit cendres, du moins pour les Français, dit l’obligation de prendre le moins de place possible et donc, aussi, d’avoir le moins d’égards au moment de la mort — y compris des cérémonies religieuses. La cité future ne sera pas la leur. Elle semble être réservée aux vivants. La démocratie, disait Chesterton, est aussi la cité des vivants et des morts. Les vivants à l’écoute des morts et des valeurs transmises. Or cette démocratie des pro-crémation, est avant tout celle des vivants qui, par un effet de dictature du présent sur les vivants, refusent le poids du passé et croient que le futur sera celui des seuls vivants. Ajoutons que les pro-crémations souhaitent à 55% que les cendres soient dispersées contre 24% qui préfèrent leur conservation dans une urne. Tout se contracte : le temps sur le présent, le corps sur les cendres. Et en même temps, tout se dilate avec l’envie d’une dispersion, d’une confusion avec la nature. Ce choix-là est celui du grand tout à rejoindre et d’un point d’ancrage à fuir.

Retour du religieux

Les pro-inhumations, eux, sont plus pour l’enracinement (qui était considéré, par la philosophe Simone Weil, comme le premier de tous les besoins de l’âme humaine), avec un fort besoin de lieux de recueillement et de cérémonies. Ils aspirent à rejoindre un « quelque part », une « dernière demeure », là dans un cimetière ouvert à tous — et surtout, lors de la Toussaint, à la visite des proches et de ceux qui se disent « sur-vivants ».

Ce conflit culturel est encore plus fort quand on interroge les moins de 40 ans qui ont moins d’appétence pour la crémation que les « 40 ans et plus » (40 % contre 52 %) et une préférence affirmée pour l’inhumation (37 contre 31 %). Surtout, on constate qu’il y a un conflit « religieux » dans les raisons évoquées. Ainsi, pour les moins de 40 ans, l’inhumation est motivée à 34 % pour des « convictions religieuses » quand ce chiffre n’est plus que de 27 % pour les 40 ans et plus. L’idée du deuil est aussi différente d’un côté comme de l’autre. Les jeunes, quand il est question d’un deuil évoquent surtout la tristesse, la dépression ou les perturbations psychologiques quand les seconds eux, pensent surtout aux questions d’organisation et de succession.

Le souci du corps

Quel est le point sur lequel les moins de 40 ans insistent pour justifier cette préférence pour l’inhumation — qui, pour autant, n’est pas majoritaire chez eux ? Le corps. Le souci du corps. La responsabilité vis-à-vis du corps. Ils considèrent, comme il se doit, qu’ils n’ont pas « un corps », comme on a un outil à disposition dont on pourrait se séparer quand il n’est plus utile, mais qu’ils « sont un corps », un « corps et esprit » unis sans distinction ni séparation. La différence entre ceux qui disent « j’ai un corps » et ceux qui reconnaissent qu’ils « sont un corps » est fondamentale. Elle est philosophique et donc aussi théologique.

Le souci du corps chez les jeunes, et surtout pour ceux qui agissent en fonction de « motivations religieuses », me semble être une donnée essentielle. Pour les jeunes catholiques, par exemple, elle se retrouve dans les combats actuels contre la PMA pour toutes et contre la GPA. Elle s’oppose à ce bricolage du corps et cette marchandisation d’un corps en morceaux — selon ce qu’en dit Sylviane Agacinski. Elle s’oppose, au sein de l’Église, à cette désincarnation des pratiques et des rituels et cette « spiritualisation » du christianisme qui fut l’une des conséquences (sans doute mal comprises) de Vatican II. L’autorisation, dans l’idée d’une tolérance, de la crémation en 1963, laissait à entendre une sorte de désincarnation catholique avec, en filigrane, une division âme/corps — division contre laquelle l’Église lutta quand elle n’y succomba pas quand elle était d’inspiration plus grecque que juive. Est-ce à dire que les jeunes catholiques sont plus « juifs » que leurs prédécesseurs immédiats, qui eux étaient plus « grecs » ? On peut le penser. Le penser et s’en réjouir.

Publié par Aleteia

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